L’Evangile du 25 mars 2007 - " Va... "

L’Evangile du dimanche 25 mars 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Jean 8,1-11 Jésus se rendit au mont des Oliviers. Mais dès le matin, il se rendit de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. Il s’assit et les enseignait. Alors les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère, la placent au milieu et disent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a prescrit de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre. Comme ils persistaient à le questionner, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. De nouveau il se baissa et se mit à écrire sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés et jusqu’aux derniers, et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors Jésus se redressa et lui dit : Femme, où sont tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée ? Elle répondit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus.

Une femme adultère vient d’être amenée devant Jésus. La lapidation n’était ordonnée par Moïse que pour le cas d’une fiancée infidèle (Deut. 22, 23 et suiv.) ; pour la femme adultère, le genre de mort n’était pas déterminé (Lév. 20, 10). D’après donc certains commentateurs la femme présentée à Jésus était une fiancée infidèle. En quoi consistait le piège dans lequel devait tomber Jésus ? On voulait entraîner Jésus à prononcer une sentence : s’il répond négativement (ne lapidez pas !), il contredit Moïse (et on l’accusait même auprès du sanhédrin comme faux Messie ; car le Messie doit maintenir ou rétablir le règne de la loi) ; s’il répond conformément à Moïse, il entre en conflit avec la loi des occupants romains (et on se rendait auprès de Pilate et on accusait Jésus d’empiéter sur les droits de l’autorité romaine, qui s’était réservé, ainsi que dans tous les pays conquis, jus gladii). Jésus écrivait. Une sentence ne se prononce pas seulement, elle s’écrit. Une sentence de la femme et de ceux qui la lui présentent... Mais, paradoxalement la réponse de Jésus (celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre) consiste à ramener la question du domaine juridique, où la plaçaient ses adversaires, sur le terrain moral. Un juge en fonction peut juger et condamner, tout en étant lui-même pécheur. Mais telle n’est pas la position de Jésus. Ce n’est pas non plus la position de ceux qui lui soumettent la question. Jésus désarme ainsi les juges improvisés de cette femme, sans cependant porter la moindre atteinte à l’ordonnance de Moïse. D’un côté, les mots : qu’il prenne la pierre, maintiennent le code ; mais de l’autre, ceux-ci : sans péché, désarment quiconque voudrait l’appliquer. Moi non plus, dit Jésus et il fait comprendre à la femme qu’il y avait pourtant là quelqu’un qui, sans déroger à la règle de justice posée au v. 7, aurait réellement le droit de lever la pierre, mais celui-là même y renonce pour lui laisser le temps de revenir au bien : « Va, et ne pèche plus. » Jésus ne dit pas : « Vas en paix ; tes péchés te sont remis. » La femme dont il s’agit ici n’est pas venue à Jésus par un mouvement de repentance et de foi. En ne la condamnant pas, Jésus lui accorde simplement le temps de se repentir et de croire. C’est une promesse de support, non la justification. En lui disant : Ne pèche plus, il lui indique la voie sur laquelle seule elle pourra saisir réellement le salut. Jésus a nettement distingué le domaine juridique du domaine moral ; il a réveillé chez ses adversaires le sentiment de leur propre péché, et il a fait comprendre à cette femme comment elle doit employer le temps de grâce qui lui est accordé. Enfin dans ce mot : Où sont tes accusateurs ? on croit entendre comme le prélude de ce cri de triomphe de l’apôtre Paul : « Qui accusera ? Qui condamnera ? » (Rom. 8, 33. 34.)


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