L’Evangile du dimanche 17 juin 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 7,36-8,3

Un des Pharisiens pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du Pharisien et se mit à table. Et voici qu’une femme pécheresse, qui était dans la ville, sut qu’il était à table dans la maison du Pharisien ; elle apporta un vase d’albâtre plein de parfum et se tint derrière à ses pieds. Elle pleurait et se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus, puis elle les essuyait avec ses cheveux, les embrassait et répandait sur eux du parfum. A cette vue, le Pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait qui est la femme qui le touche et ce qu’elle est : une pécheresse. Jésus prit la parole et lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. -Maître, parle, répondit-il. - Un créancier avait deux débiteurs ; l’un devait cinq cents deniers et l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur fit grâce de leur dette à tous deux. Lequel l’aimera le plus ? Simon répondit : Celui, je suppose, auquel il a fait grâce de la plus grosse somme. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. Puis il se tourna vers la femme et dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle, elle a mouillé mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser, mais elle, depuis que je suis entré, elle n’a pas cessé de me baiser les pieds. Tu n’as pas répandu d’huile sur ma tête ; mais elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. C’est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu’elle a beaucoup aimé. Mais celui a qui l’on pardonne peu aime peu. Et il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés. Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci, qui pardonne même les péchés. Mais il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée, va en paix. Ensuite, Jésus allait de ville en ville et de village en village ; il prêchait et annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze étaient avec lui, et quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies : Marie, appelée Madeleine, de qui étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza, intendant d’Hérode, Suzanne, et plusieurs autres qui les assistaient de leurs biens.

Ce récit est un vrai modèle de l’utilisation des paraboles par Jésus. II raconte l’essentiel d’un fait de la vie quotidienne de sorte que les rapports entre Dieu et l’homme - si souvent obscurs et objets de contestation - se trouvent brusquement dévoilés. Ils sont mis en évidence, sans discussion possible, aux yeux de tous. Nous ne savons rien de la femme qui pénètre dans la maison du pharisien sans y avoir été invitée. Selon la sévère opinion pharisienne, tout homme pieux se devait, pour rester dans la crainte du Seigneur, de repousser cette femme loin de lui. Cette brève parabole (V. 41 s.) montre, de façon inimitable, la manière concise et frappante avec laquelle Jésus précise tout le contenu de son message : la culpabilité de chacun, du Pharisien comme de la femme et la dépendance où ils se trouvent tous les deux à l’égard de la grâce, la nécessité d’en vivre, et, pour finir, cette nuance fondamentale dans leur amour, correspondant à ce premier degré de culpabilité qui les séparait. Comment les Pharisiens pourraient-ils comprendre cette parabole sans reconnaître aux Paroles de Jésus que l’homme le plus près de Dieu est celui qui l’aime le plus ? C’est le rapport entre pardon et amour que Simon ne comprend pas ; et pourtant, la femme y découvre sa vie. La joie du rachat s’exprime dans la plénitude de la reconnaissance. Elle ne craint plus le mépris des bien-pensants, elle ne cherche pas à y faire face, elle ne se soucie plus d’être arrêtée ou renvoyée ; elle ne connaît plus que l’amour reconnaissant. Elle franchit tous les obstacles pour parvenir jusqu’à Jésus. La Parole, par laquelle il approuve la conduite de cette femme, ne transforme pas en mérite l’amour qu’elle lui témoigne. Jésus n’entend pas que le pardon lui soit donné pour prix de son amour. Cette parabole doit, au contraire, révéler que l’amour est la conséquence du pardon, et la parole de Jésus montre qu’une liaison étroite unit les deux éléments : son amour témoigne de la grandeur du pardon accordé. La joie du rachat qui l’inonde montre à quel point cela lui était nécessaire. Le mystère de ce récit est donc le renversement des positions entre grands et petits débiteurs. Le riche devient pauvre et le mendiant devient riche, l’homme pieux est mis à la porte et la prostituée peut entrer. Les paroles de Jésus adressées à Simon ne sont pas un reproche mais plutôt un dévoilement de sa pauvreté fondamentale. Ses paroles concernant la femme se réfèrent au mystère de l’heureuse faute (felix culpa) : « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rom. 5, 20). En cela réside l’opposition de Jésus contre cet homme pieux dont l’amour, selon lui, ne doit connaître aucune limite.

d’après : H. Gollwitzer, La Joie de Dieu, Commentaire de l’Evangile de Luc


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