L’Evangile du dimanche 01 juillet 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 9/51-62

Lorsqu’approchèrent les jours où il devait être enlevé du monde, il prit la ferme résolution de se rendre à Jérusalem et envoya devant lui des messagers. Ils se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains, afin de faire des préparatifs pour lui. Mais o n ne le reçut pas, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. A cette vue, les disciples Jacques et Jean dirent : Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? Il se tourna vers eux et les reprit sévèrement, en disant : Vous ne savez de quel esprit vous êtes (animés). Car le Fils de l’homme est venu non pour perdre les âmes des hommes mais pour les sauver. Et ils allèrent dans un autre village. Pendant qu’ils étaient en chemin, quelqu’un lui dit : Je te suivrai partout où tu iras. Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. Il dit à un autre : Suis-moi. Et il répondit : Permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. Mais Jésus leur dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu. Un autre dit : Je te suivrai Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison. Jésus lui répondit : Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas bon pour le royaume de Dieu.

Tout d’abord il faut rappeler l’importance du v. 51 qui, sans nul doute, forme une charnière dans l’évangile. Jésus a été reconnu, par Pierre, comme Messie (9/20) ; puis par deux fois, il a annoncé ce qui l’attendait et attendait ses disciples (9/21-27 et 9/44ss) ; il a été glorifié (9/28-36).

Maintenant la décision est fermement prise, il lui faut affronter sa Passion et la mort ; c’est ce que signifie (en parallèle à Esaïe 50/7) cette curieuse affirmation de 9/51 : "Il durcit son visage" : littéralement il envisagea (fermement, définitivement) = Il s’apprête fermement à affronter = il prit la décision irrévocable. Les dés sont jetés, pourrait-on dire. La Passion est en marche !

Ne refusons de lire ce que contiennent vraiment les v. 52-56 : "Savon (et c’est un euphémisme) que Jésus passe aux futurs inquisiteurs". Quand certains traducteurs consentent à isoler ce texte, ils y voient essentiellement le mauvais accueil de Jésus par des Samaritains qui, simplement, refusent de l’héberger. Or, tout juste manquent-ils à une hospitalité à laquelle leurs différends ancestraux avec les Judéens, ne les contraignaient nullement. En revanche, le blasphème horrible, prétentieux et diabolique de Jacques et de Jean est escamoté, obturé, censuré ; ils veulent lancer une bombe sur ce village qui n’a pas daigné ( !) les recevoir. Et ils embauchent Dieu (le ciel) pour cette sinistre et démoniaque besogne. Ils se croient déjà les maîtres du ciel et du Jugement. Et là, les références historiques sinon contemporaines, ne nous manqueront pas ; comme les exemples d’orgueil démesuré de l’Eglise prétendant prendre la place de Dieu, et lui forcer la main...

Et Jésus ne va pas leur envoyer dire : tout d’abord, il se retourne contre eux (cf. Matthieu 16/23) (et non pas le gentil "se tourne vers eux"). Et il les "réprimande" (le verbe signifie aussi, et ici cela paraît plus sûr : menace). Quelques manuscrits ajoutent, mais c’est probablement superflu : "Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes", ce qui correspond au "Recule (et repasse derrière) Satan, tu m’es en scandale" = "tu cherches à me faire oublier ma messianité véritable", de Matthieu 16/23.

Nonobstant, Jésus continue à appeler de tels disciples (v. 59). Jésus sait à quoi s’en tenir sur ce que sont, et seront, ses disciples, et cependant, aujourd’hui encore, il en appelle. Même s’il tient à leur rappeler que ce service ne sera pas (ou ne devra pas être) une sécurité totale (v. 58) ni un confort. N’ayez pas peur de recevoir aujourd’hui cet appel !

Quant aux versets 61-62, ils sont clairement un décalque de la vocation d’Elisée qui a demandé à Elie l’autorisation d’embrasser ses parents avant de lui succéder (cf. 1 Rois 19/20-21). Il semblerait dire que ce retour (passager) en arrière, encore possible dans l’Ancienne Alliance, ne le sera plus dans la Nouvelle, la cassure que le Christ introduit entre les deux étant irréversible (cf. Romains 6). De toute manière en cette époque molle, où les gens ne croient plus tellement à la force d’une parole donnée, ou à celle d’engagements sérieux, cet avertissement pédagogique du Christ nous est utile. Sans pour autant que Jésus nous ordonne de faire succomber nos frères dans les remords.

D’après : Alphonse MAILLOT, Qui est mon prochain ? - Notes homilétiques sur les trois lectures dominicales pour les dimanches et fêtes de l’année C [Juillet-Août]. Mission Intérieure de l’Eglise Evangélique Luthérienne, 1992 (p. 22-25).


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