L’Evangile du dimanche 29 juillet 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 11,1-13

Jésus priait un jour en un certain lieu. Lorsqu’il eut achevé, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l’a enseigné à ses disciples. Il leur dit : Quand vous priez, dites : Père ! Que ton nom soit sanctifié ; Que ton règne vienne ! Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ; Pardonne-nous nos péchés, car nous aussi, nous pardonnons à quiconque nous offense ; Et ne nous laisse pas entrer en tentation. Il leur dit encore : Lequel d’entre vous aura un ami qui se rendra chez lui au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir ? Si, de l’intérieur, l’autre lui répond : Ne me cause pas d’ennui, la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne puis me lever pour te donner (des pains) - je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner, parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son importunité et lui donnera tout ce dont il a besoin. Et moi, je vous dis : Demandez et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et à celui qui frappe on ouvrira. Quel père parmi vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? ou (s’il lui demande) du poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ? Ou s’il demande un oeuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent.

D’après : Alphonse MAILLOT, Qui est mon prochain ?, Mission Intérieure de l’Eglise Evangélique Luthérienne, 1992 (p. 62-64) :

(Essai de paraphrase d’un "Notre Père" chrétien)

Notre Père, toi qui es dans les cieux, Que ton (saint) nom (de Père) (se révélant à tous) soit sanctifié (célébré, honoré, fêté, annoncé) ! Que ton règne (de Père) arrive (survienne) ! Qu’il en soit de ta volonté (de Père) sur la terre comme il en est déjà dans les cieux ! (Notre Père), chaque jour, donne-nous (et donne à tous) le pain... (nécessaire ?) ! (Notre Père), ne nous conduis pas au-devant de 1’épreuve ! Mais (en toute circonstance, Père), arrache-nous au Malin (au Mal... et au Malheur) ! Car c’est à toi seul, (Père), que reviennent le règne, la puissance et la gloire. ...C’est sûr (c’est vrai, et que cela le devienne plus encore chaque jour) jusqu’au dernier des jours (cf. "Le Notre Père ou la requête des enfants de Dieu", Les Bergers et les Mages).

Pour la première partie du texte (v. 1-4), je me contenterai donc de donner la paraphrase que j’ai faite du Notre Père (dans Matthieu 6), tout en demandant au lecteur de relever tout d’abord Luc 11/1, qu’il me semble plus juste (sur le fond) de traduire : "Seigneur, enseigne-nous ta (tes) prière(s)". Car le disciple curieux veut :

a) ressembler aux disciples de Jean-Baptiste, à qui leur maître (probablement essénien) avait sans doute enseigné beaucoup de longues prières (cf. les manuscrits de la Mer Morte). Les disciples de Jésus ne veulent pas être en reste, quoiqu’ils connaissent les très nombreuses prières de l’Ancien Testament (les Psaumes en particulier) ;

b) ils veulent mieux rentrer dans l’intimité de leur Maître, dont il leur semble légitimement qu’il apporte une prière nouvelle.

Jésus va (probablement) les décevoir en leur enseignant une prière très brève (surtout en Luc) et sans doute simple, mais dont, après avoir relevé qu’elle est totalement orientée par le mot Père, on notera qu’elle contient trois difficultés plus ou moins résolues :

-  sanctifier ( ? ? ?) le nom du PÈRE ;

-  le pain... ? ? ? : on n’a pas encore résolu le problème de ce terme inconnu par ailleurs. Rappeler que la manne (= "Qu’est-ce ?") est aussi un nom mystérieux, c’est une question ;

-  la traduction oecuménique du Notre Père : "Ne nous soumets pas..." est une hérésie et probablement un blasphème, en tout cas une blessure pour beaucoup de chrétiens. Celle que je donne me paraît évidente et simple : "Ne nous conduis pas au-devant de l’épreuve !" (car ici nous sommes des enfants, oui ! nous ne sommes pas assez costauds pour affronter de trop grandes difficultés).

Quant à la parabole, on cernera bien qu’elle est à trois personnages : "Dieu, toi (moi) et un autre-qui-a-besoin-de-nous".

Conclusion : si nous n’avons pas ce que l’autre nous demande (ce qui n’est pas aussi fréquent que nous l’affirmons), nous nous tournons vers Dieu qui, même s’il n’avait pas envie de nous exaucer, le ferait pour "avoir la paix" (argument a fortiori : si un homme accepte quand même, de mauvais gré, de nous exaucer, à plus forte raison notre Père nous donnera-t-il ce que nous lui demandons pour un autre) (v. 8).

Quant à la suite (v. 9-13), bien comprendre avec Augustin, Pascal et d’autres que déjà le fait de demander, c’est commencer d’avoir reçu (avoir reçu le don de prière, c’est déjà un exaucement). Chercher, c’est déjà avoir trouvé que le Royaume et la grâce de Dieu nous cherchaient. Frapper, c’est déjà avoir trouvé la porte. Bien entendu, il ne s’agit pas d’en rester là, mais de saisir qu’on est quand même déjà là.

Bien faire comprendre que la foi chrétienne, ce n’est pas "un sac de réponses" toutes faites, avec distributeur automatique, mais un faisceau de questions que la foi aide d’abord à bien poser et à Qui il faut les poser. Et quand la réponse viendra, on s’apercevra qu’il ne s’agit pas de mots, de théorèmes secs et définitifs, mais de Christ lui-même. "Oui de Dieu aux hommes" (2 Corinthiens 1/19ss).


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