L’Evangile du dimanche 19 août 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 12, 49-53

Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu’ai-je à désirer, s’il est déjà allumé ? Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien je suis pressé qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division. Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux, et deux contre trois ; père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle-fille contre belle-mère.

Dans notre texte du dimanche Jésus présente trois aspects de sa mission en s’exprimant à la première personne. Au v. 49 il définit sa mission : « je suis venu jeter un feu sur la terre », et il souhaite ardemment que ce feu prenne. L’Ancien Testament a souvent employé l’image du feu pour décrire le jugement de Dieu, aussi bien dans l’histoire qu’à la fin des temps. Ce feu ne se borne pas à consumer les condamnés, il épure aussi le Reste fidèle. Comment Luc entend-il le feu que Jésus est venu mettre sur la terre ? Certains pensent qu’il présente le don de l’Esprit Saint sous la figure du feu ; il voit dans l’Esprit Saint le don du Seigneur ressuscité à Son Eglise. Jésus ainsi apparaîtrait tout tendu devant l’embrasement du monde qu’il envisage comme le but de sa tâche. Ensuite, Jésus parle d’un baptême qu’il doit recevoir. On pense qu’ici Luc n’envisage pas un rite auquel Jésus devrait se soumettre, mais - plutôt au sens étymologique - l’auteur pense à un « bain » et veut l’entendre comme une métaphore. Avec quel sens ? Nombreux commentateurs y trouvent une annonce de la Passion du Christ, le bain de sang de la Passion ; ce « baptême » pour le pardon des péchés. Luc, vraisemblablement, en prononçant le nom du baptême, pense à celui que reçoivent les néophytes de son temps. Ce baptême que Jésus doit recevoir il laisse entrevoir la place qu’il tient dans sa vie. Jésus se trouve face à une obligation qui s’impose impérieusement à lui. Rappelons-nous la déclaration du Seigneur : « il faut que le fils de l’homme souffre » (cf. Lc 9, 22 ; 17, 25 ; 22, 37 etc.). Les prophètes ont souvent annoncé le Messie comme celui de la paix et Luc est celui des évangélistes qui a le plus souvent montré en Jésus celui qui apporte la paix. Mais les prophètes avaient aussi dénoncé les faux prophètes qui promettaient une paix facile sans exigence religieuse (p.ex. Mi 3,5-8 ; Jr 6, 14), car Dieu n’accorde pas sa paix véritable qu’à ceux qui répondent à son appel. Jésus n’apporte pas la paix qu’à ceux qui l’accueillent dans la foi et c’est pourquoi il peut dire qu’il apporte moins la paix que la division. Jésus annonce la division à l’intérieur de chaque maison. Peut-être Luc songe à une situation de persécution de son temps où les jeunes ont accueilli l’évangile tandis que leurs parents conservaient la religion traditionnelle. Il est important - nonobstant l’interprétation détaillée - qu’il marque les déchirements possibles qu’entraînerait « dès maintenant » la foi en Jésus Christ dans la vie de ceux qui veulent le suivre avec toute la conséquence. Si le Seigneur peut imposer aux siens une telle exigence, c’est parce qu’il leur apporte le don de l’Esprit ; c’est aussi parce que lui-même a rempli sa tâche jusqu’à en mourir. Car finalement la paix qu’il apporte n’est pas la tranquillité facile dans laquelle les hommes rêvent toujours de s’installer : elle est la paix du Royaume de Dieu où l’on n’entre que par la croix.

d’après Augustin George, "La venue de Jésus, cause de division entre les hommes"


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